Des précisions apportées par B Durand :
– Il a été dit par Monsieur le Préfet que cette centrale produirait 80 % du temps, ce qui est à peu près exact. Mais il lui aurait aussi fallu rappeler, ce qui était pourtant essentiel à dire, que la production des centrales éoliennes est extrêmement variable, et cela de façon souvent brutale, en fonction de la vitesse du vent, et donc de la météo. Il y a des périodes de production insignifiante et même nulle et des périodes de production excessive imposant parfois de mettre les éoliennes en drapeau pour éviter la casse. La figure de la fiche 12 que vous pouvez retrouver à partir des fiches en pièce jointe montre ce phénomène, que l’on appelle intermittence.
Cet oubli est très regrettable, car une information plus complète aurait permis aux personnes présentes de réaliser qu’il est impossible d’utiliser le courant de ces centrales directement, parce qu’il y en a la plupart du temps trop peu ou trop et que ces fluctuations rapides, brutales et erratiques sont incompatibles avec les besoins du consommateur et pourraient même être très dommageables pour ses installations électriques.
C’est pourquoi il est nécessaire de “mixer” leurs productions avec celles d’autres centrales dites de soutien ou de back-up, qui peuvent produire à la demande et non en fonction de la météo, pour corriger ces irrégularités. Ce sont en France surtout des centrales nucléaires ou hydrauliques, en Allemagne surtout des centrales à charbon.
Ces centrales sont donc indispensables aux centrales éoliennes. Les centrales éoliennes ne pourront donc jamais à elles seules supprimer les réacteurs nucléaires (voir fiche 21), comme veut le penser Monsieur Biteau. Pour supprimer des réacteurs nucléaires, et accompagner le développement de l’éolien et du solaire, les Allemands ont dû les remplacer par des centrales à charbon, et cela en plus grand nombre que les réacteurs nucléaires qu’ils ont fermés. Est-ce vraiment un progrès, quand on voit les dégâts et la mortalité provoqués par les centrales à charbon chinoises, et même allemandes (y compris chez leurs voisins dont la France, car la pollution atmosphérique comme le vent, n’a pas de frontières). Et, contrairemnt à nous, ils ont d’importantes réserves de charbon (essentiellement du lignite, le plus polluant des charbons), qu’ils utilisent actuellement pour cela.
– D’autre part, il faut un très grand nombre de centrales éoliennes pour produire une même quantité d’électricité que les centrales nucléaires. La centrale du Blayais (Braud-et-Saint-Louis) met en une année sur le réseau électrique dans l’année environ 25 fois plus d’électricité que ne pourrait faire la centrale éolienne d’Oléron. Pour produire la même quantité d’électricité que le Blayais, il faudrait recouvrir les deux rives de la Gironde d’éoliennes géantes sur 10 km de profondeur, rendant d’ailleurs inhabitable toute cette région pour des raisons de sécurité, tout en produisant comme dit ci-dessus une électricité inutilisable en l’état. Ou bien construire en mer 25 centrales éoliennes en mer identiques à celle d’Oléron, occupant 2500 km2 du domaine maritime à proximité des côtes, au détriment en particulier des pêcheurs.
Cet énorme besoin d’espace nécessaire à l’éolien a bien évidement pour conséquence d’importantes destructions de l’environnement, mais aussi des conflits d’usages du sol ou de la mer, suscitant des réactions de plus ne plus vives des riverains, comme on le voit par exemple dans le Nord du département, où les associations de défense se multiplient en ce moment pour essayer d’endiguer les assauts à la hussarde des promoteurs (un sujet intéressant de reportage?). Et ce projet d’Oléron n’est-il d’ailleurs pas le précurseur d’une occupation croissante de nos côtes par des centrales éoliennes en mer. Et ce n’est pas notre Préfet, malgré son souci du bien public, qui pourra endiguer le déferlement de ce que certains appellent maintenant le capitalisme vert, si ce projet d’Oléron voit le jour, pas plus qu’il n’y est arrivé dans le Nord du département.
– La question du prix n’a pas été débattue, elle est pourtant également essentielle: vous trouverez dans les fiches en pièce jointe ainsi que dans le dossier, “une centrale éolienne en mer près d’Oléron, cela en vaut-il la peine ?” figurant sur le site www.eolien-oleron.fr, des indications sur ce point. En résumé, en l’état actuel, il faut s’attendre à une production très coûteuse (de l’ordre de 8 fois le prix de l’électricité sur le marché de gros), qu’il faudra donc subventionner par une taxe importante sur nos factures d’électricité , appelée contribution au service public de l’électricité (CSPE). Mais il faut aussi bien comprendre que même si ce prix baisse avec le temps, le prix de l’électricité pour les ménages augmentera quand même, car comme dit plus haut, on est obligé de disposer de centrales de soutien pour faire fonctionner l’éolien. Il faut aussi des lignes à haute tension supplémentaires, on le voit bien avec la ligne à haute tension qui traverserait la presqu’île d’Arvert. Tout cela a un coût, et en Europe le coût de l’électricité pour les ménages a augmenté proportionnellemnt au développement de l’éolien (et du solaire photovoltaïque, pour les mêmes raisons). Le coût en Allemagne pour les ménages est maintenant le double de ce qu’il est en France ( voir fiche 18) !
Tant que ces faits ne seront pas connus du grand public, il ne pourra pas faire de choix en conscience. Vouloir les cacher serait un déni de démocratie. La réunion du 27 les a occultés, faute de débat. Il faut donc nous en remettre aux médias pour le faire, en espérant que tout comme vous, ils fassent preuve d’objectivité.