L’éolien en mer en France : de la folie furieuse ! par Bernard Durand

L’éolien en mer en France : de la folie furieuse !

Il est impressionnant de voir autant de gens bardés de diplômes, dont des ministres et des conseillers de notre président m’a-t-on dit, ne pas comprendre un problème qui est du niveau du certificat d’études. Je préfère croire qu’ils se refusent à le comprendre, ou nient l’existence du problème, pour des raisons qu’eux seuls peuvent nous donner.

Discuter des mérites respectifs des différents moyens de produire l’électricité à partir de leur seul coût de production n’a aucun sens. C’est pourtant exactement ce que font ceux qui comparent les coûts à la production de l’éolien, des centrales à combustibles fossiles et du nucléaire. Ce qu’il faut faire, c’est comparer les coûts de l’électricité des mix électriques comprenant ces différentes sources.

Or aussi bas que puisse devenir le coût de production de l’éolien, le coût de production d’un mix électrique comprenant de l’éolien (il en est de même du solaire photovoltaïque) est forcément plus élevé que celui d’un mix ne comprenant pratiquement que des centrales pilotables, comme au bon vieux temps. En effet, pour une même quantité totale d’électricité produite, la puissance installée d’éolien s’ajoute à celle de centrales pilotables, parce que l’on est obligé de conserver celles-ci pour faire face aux jours sans vent. Et installerait-on 100 000 éoliennes géantes dans notre pays, au lieu d’environ 8 000 actuellement, que le problème resterait le même. Car s’il n’y a pas de vent, il n’y a pas d‘électricité éolienne, aussi grand que soit le nombre d’éoliennes. Et, contrairement au slogan « il y a toujours du vent quelque part », il arrive fréquemment qu’il n’y ait pas assez de vent sur l’ensemble de l’Europe Occidentale pour faire tourner des éoliennes, comme le montrent bien maintenant les données fournies par les gestionnaires des réseaux électriques. Quelle que soit la puissance installée en éolien et solaire photovoltaïque, il faut donc toujours conserver une puissance suffisante de centrales pilotables, et cette puissance est celle qui correspond à la puissance maximale de consommation observée dans l’année, qui a lieu pendant les hivers très froids, plus une bonne marge de sécurité.

Chacun peut vérifier aisément dans le cas de l’Allemagne que sa puissance installée de centrales pilotables (surtout des centrales à charbon et à gaz) n’a pas changé depuis 2000, tandis que celle installée d’éolien et de solaire a cru très rapidement pour y dépasser maintenant celle des pilotables ! Tant que l’on n’aura pas trouvé le moyen de stocker de façon économique de très grandes quantités d’électricité, il y aura donc double investissement, centrales intermittentes + centrales pilotables, pour produire la même quantité d’électricité sur l’année. Et si un tel stockage devient possible, mais il n’y a aucune piste crédible pour l’instant, il faudra ajouter le coût du stockage à celui de l’éolien et du solaire. Dans les deux cas, le coût d’investissement sera forcément plus coûteux qu’en l’absence d’éolien et de solaire, aussi bas que devienne le coût à la production de ceux-ci.

Et ce n’est pas tout, et de loin : il faut ajouter le coût du nécessaire développement du réseau ; il faut aussi ajouter la compensation à la perte de rentabilité des indispensables centrales pilotables, qui doivent, à consommation constante du pays, diminuer leurs productions pour faire place à celles de l’éolien et du solaire. Là encore, le cas de l’Allemagne est édifiant : des centaines de milliards d’euros déjà dépensés, des centaines de milliards d’euros encore à venir, et un coût de l’électricité pour les ménages déjà double du nôtre. Mais rassurons-nous : avec le triplement de notre nombre d’éoliennes qui nous sera imposé par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en cours de discussion en ce moment, nous allons très rapidement la rejoindre.

Tout cela est parfaitement inutile en France, puisque nos centrales pilotables existantes peuvent faire le travail pour beaucoup moins cher, sans produire plus de CO2, ce qui est normal puisque notre électricité est déjà très largement décarbonée. Mais c’est vrai même aussi en Allemagne, où le développement de l’éolien et du photovoltaïque n’a pas fait baisser ses émissions de CO2. *

En fait l’éolien ne sert strictement à rien en France : il ne peut diminuer nos émissions de CO2, ni servir à fermer des réacteurs nucléaires, puisqu’il faut conserver la même puissance totale de centrales pilotables pour faire face aux jours sans vent. Pour fermer des réacteurs nucléaires, il faudrait donc les remplacer par des centrales à gaz ou à charbon.

Mais dans ce feu d’artifice financier pour lequel on va dépenser ainsi inutilement des centaines de milliards pris dans la poche des consommateurs, le bouquet, c’est l’éolien en mer !

Les 6 parcs déjà prévus, combien coûteront-ils aux consommateurs français, par comparaison avec celui de l’EPR ? L’EPR, c’est, pour une durée de vie prévue de 60 ans, 10,5 milliards d’euros d’investissement, 3 milliards de maintenance, 500 millions de démantèlement (remise au gazon), un peu plus de 1 milliard pour le combustible. Total, un peu plus de 15 milliards d’euros actuels. Arrondissons à 15 milliards. Notons au passage que l’EPR en construction est une tête de série, et que le suivant devrait coûter environ 4 milliards de moins.

Les 6 parcs éoliens, c’est 25 milliards d’investissement maintenant, 3 milliards pour l’évacuation de l’électricité, 30 milliards supplémentaires pour remplacer deux fois des éoliennes sur cette période de 60 ans, 3 milliards pour la maintenance et le démantèlement (remise à l’algue). Le démantèlement de ces 6 parcs sera d’ailleurs au moins aussi coûteux que celui de l’EPR, pour moins d’électricité produite. Total, plus de 60 milliards d’euros actuels, arrondis à 60 milliards.

Pendant ce temps, l’EPR produira 600 TWh en net, et les 6 parcs au total 420 TWh en net. Résultat des courses : un coût de production réel de cet éolien marin environ 6 fois plus élevé que celui de l’EPR. C’est pourtant le coût de production de l’EPR dont on nous dit qu’il sera exorbitant.

Mais bien sûr ce n’est pas tout : cet éolien en mer s’ajoutera au mix électrique déjà existant, dont le coût sera encore renchéri, comme expliqué plus haut, par la nécessité de développer notre réseau électrique, et de compenser les pertes de rentabilité des centrales pilotables. Il sera financé partie par des taxes sur la consommation d’électricité, partie par des taxes sur la consommation de carburants, ce qui fera augmenter leur prix à la pompe.

Nous ne comptons pas ici les charges de personnel, moins élevées pour l’éolien en mer, qui créera très peu d’emplois en France, que pour l’EPR, qui en créera beaucoup plus.

Mais cela ne change pas la conclusion : L’éolien en mer en France, d’un point de vue économique, c’est vraiment de la folie furieuse !

Ajoutons que le Grenelle de l’Environnement a prévu 9 GW d’éolien en mer, soit 3 fois plus que la puissance cumulée des parcs actuellement programmés et que le très puissant lobby des renouvelables, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) rêve de 27 GW, soit 9 fois plus.

Ces 27 parcs, produiraient environ 30 TWh par an d’une électricité ruineuse et intermittente, donc ne pouvant pas être utilisée sans centrales pilotables, pour un coût de 540 milliards sur 60 ans extraits des poches des citoyens à l’aide de taxes dédiées. Mais aussi ils occuperaient près de 3000 km2 de surface prise sur le domaine marin près de nos côtes. Ils seraient installés à force de battages de pieux, de râclage des fonds marins et de pollution des eaux. Ils produiraient des destructions considérables de la faune et la flore, mais aussi des effets néfastes sur les côtes sableuses instables de l’Atlantique. Pour comparaison, le maintien en l’état de notre parc de centrales nucléaires et la construction de l’EPR ne demandent aucune surface supplémentaire, ni aucune destruction de notre environnement.

Comment me direz-vous a-t-on pu cacher cette gabegie qui défie la raison, et faire croire aux défenseurs de l’environnement qu’elle était nécessaire à la protection de l’environnement, alors que ces parcs le détruisent ? Comment peut-on en arriver à cette folie furieuse ? Grâce à une propagande constante depuis des décades à l’échelle européenne et même mondiale par le complexe médiatico-politique, un matraquage de tous les instants, en profitant de l’ignorance à peu près totale de nos concitoyens, et malheureusement aussi de nos élus, dans le domaine énergétique. Faut-il que l’éolien ait peu de vertus pour ne pouvoir s’imposer que par un tel matraquage !

Mais Noam Chomski n’a-t-il pas dit que la propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature ?

Rassurez-vous cependant, tout cet argent ne serait pas perdu pour tout le monde : les 2/3 environ se retrouveraient dans les poches des promoteurs allemands.

Quant à l’emploi permanent dont on nous dit monts et merveilles, il sera essentiellement en Allemagne. Et les installateurs ne seront pas non plus Français. Ils accompagneront les bateaux venus d’Europe du Nord ou d’Europe de l’Est, et repartiront. A moins qu’ils ne restent pour la douceur de notre climat ? Mais sûrement pas pour la beauté de notre environnement, à la vitesse où celui-ci est dégradé par les promoteurs de l’éolien.

B.Durand

1 commentaire sur “L’éolien en mer en France : de la folie furieuse ! par Bernard Durand”

  1. les éoliennes en mer sont un désastre économique, les couts de construction et de maintenance sont multipliés par DEUX sans compter la forte corrosion de l’air marin … Il faut produire au plus près des centres de consommation à cause des pertes énormes sur le réseau de distribution (30%), chaque village devrait avoir son éolienne comme il a son château d’eau !

    En remplaçant chaque poteau Haute Tension par une éolienne (et en enterrant les lignes) on diminuerait les nuisances environnementales et on produirait autant que les centrales … Nous avons besoin d’un mix énergétique et d’une autonomie la plus locale possible. On peut installer des éoliennes mais pas n’importe où et pas n’importe comment comme ça se fait actuellement …

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